Le Château de Friville et ses Châtelains

 

 

Friville était autrefois, le chef-lieu de la paroisse qui est devenue l’actuelle commune de Friville-Escarbotin-Belloy.

Les premiers seigneurs de Friville portèrent, comme partout ailleurs, le nom du village. On a connaissance d’un Hugues de Friville qui vivait en 1185, de Laurent de Friville en 1241, puis la seigneurie passe à la famille de Béthencourt (Jean de Béthencourt en 1249) et ensuite à la famille de Coppequesne.

Si nous ne savons à peu près rien des deux premières familles, nous possédons quelques documents sur la maison de Coppequesne et nous allons essayer d’en donner un résumé.

La famille Coppequesne, malgré son nom bien picard, se disait d’origine anglaise. Voici, d’ailleurs, dans son vieux français, la copie intégrale d’un ancien manuscrit que nous avons retrouvé:

«Généalogie de la Maison de messieurs Coppequesne, en parlant comme le font nos Picards. L’Angleterre ne sait ce que c’est que quesne mais elle sait que dessous ses Etandarts, Mars établit la qualité aux Coppequesne.»

«Le premier de la tige estoit anglais de nation et s’appeloit Firmin de Coppequesne capitaine d’une compagnie d’archers pour le service d’Henry roy d’Angleterre. Lequel vint en France en 1415 au siècle d’Harfleur. Laquelle année, après le siège, passant en Vimeux Le dit de Coppequesne logeant à Friville épousa l’héritière de Thomas Vasseur en 1419. Depuis quitta le service d’Angleterre et se jetta du party de France dans lequel il eut employ et y servant actuellement se donna la bataille de Crenant où il se signala, et y fut blessé en l’an 1424. Estant guèry, eut le commandement de Jean d’Harcourt duc d’Aumalle d’aller avec luy à une expédition contre les troupes anglaises dans le pays d’Anjou, lesquelles furent détruites par le dit d’Harcourt. En laquelle affaire le dit Coppequesne ayant fait connoitre sa valleur en la bataille de Crenant fut fait chevalier avec plusieurs autres pour récompenses de leurs belles actions par le roy Charles d’heureuse mémoire. Continuant le service fut tué à la bataille de Vemoeuille où commendois le duc d’ Alançon. »

Les descendants de Firmin de Coppequesne sont toujours restés fixés à Friville tout en grandissant leurs biens par des héritages et des acquisitions sur les territoires des communes voisines: Bourseville, Woincourt, Feuquières, Beauchamps, Embreville, etc.

Tous les Coppequesne ont été de brillants militaires, nous citerons en particulier :

Gilles de Coppequesne qui se distingua à la bataille d’ Arques, le 13 septembre 1589. Le roi Henri IV lui aurait accordé de nouvelles lettres de noblesse pour cette belle action et, quelques années plus tard; le 27 août 1597, le même roi le nommé capitaine de cent hommes d’armes. Le 1er avril 1614, Gilles de Coppequesne est promu colonel avec le commandement de cinq compagnies de cent hommes chacune.

C’est ce même Gilles de Coppequesne qui avait acheté, vers 1588, la seigneurie de Fressenneville dont on voit encore, de nos jours, la belle motte féodale. Ses descendants ont eu le droit de porter le titre de comte de Fressenneville.

Son fils, Jacques de Coppequesne, fut choisi pour défendre la ville d’Abbeville en 1626 et 1636.

L’un de ses descendants Jérôme-René de Coppequesne chevalier, capitaine de cavalerie, chevalier de Saint-Louis eut, entre autres enfants, une fille: Jeanne Marguerite Alexandrine de Coppequesne qui épousa, vers 1761, François-Henri d’Hardivilliers, chevalier seigneur de Monceaux près de Beauvais. C’est ce ménage qui construisit le beau château de Monceau (commune de Saint-Omer-en-Chaussée, Oise) où leurs portraits sont conservés ainsi que de nombreux souvenirs provenant du château de Friville. Leur fils cadet, le comte Eléonor-Jean d’Hardivilliers, capitaine de vaisseau, chevalier de Saint-Louis et de la Légion d’honneur, qui devait plus tard être député, épousa, par contrat du 21 mai 1791, sa cousine germaine Marie­Henriette-Victoire de Coppequesne dame de Friville et de Fressenneville, dernière du nom. D’eux sont issus les d’Hardivilliers de Friville.

La famille d’Hardivilliers est une famille fort ancienne originaire des environs de Beauvais, du petit village de Bonnières, à quatre kilomètres de Saint-Omer-en-Chaussée. D’après une légende qui m’a été rapportée de plusieurs côtés et qui est encore connue dans la tradition orale à Friville-Escarbotin, cette famille s’appelait, jadis, de Villiers mais, au cours d’une bataille où l’un de ses membres se battait comme un lion, le roi de France l’ayant remarqué, lui cria: «Hardi Villiers !». Selon l’usage des temps anciens, l’apostrophe royale serait devenue le nom de l’intéressé et de ses descendants.

Le château de Friville, vendu un peu avant la dernière guerre par le vicomte Fernand d’Hardivilliers, est une belle bâtisse en briques et pierre qui date de la fin du XVIIe ou XVIIIe siècle, il a donc été construit par les membres de la famille de Coppequesne. 

Actuellement transformé en maison de retraite, il a été très heureusement restauré et sa conservation est assurée.

Nous ignorons tout des constructions qui ont pu précéder l’édifice actuel.